MARCHE. SAUTE. VAS.
Enjambe, avance.
Droite.
Gauche.
Monte, grimpe, transpire, souffle, évacue.
Accède, acquiesce, dépasse.
Crée.
Vagabonde.
Mais écoute !
Retire ces écouteurs qui étouffent le désordre du silence. Ecoute le vacarme des pensées qui s’entrechoquent, se heurtent, s’attirent, se repoussent, fusionnent et s’attisent.
C’est ainsi, au quotidien.
Les pensées s’empilent, se hiérarchisent. Elles jaillissent, se nourrissent de tout. De la radio qui émet l’info sensationnelle, à la boulangère qui fait le temps, à la vieille dame qui lui donne raison. Aux questions d’organisation qui évitent la dispersion. Celles ramenées du boulot, qui parfois, sont longues à se classer, s’estimer réglées, solutionnées. Puis celles du lendemain ou encore celles d’avant.
Cette frénésie constante se réveille avec les paupières et ne s’endort que lorsqu’elle perd sa lutte contre le sommeil.
Ce mécanisme semble s’actionner et agir seul. Indépendant de la pensée spontanée. Il peut, parfois, être bruyant, assourdissant, envahissant, tel un sursaut qui jaillit au milieu de la nuit.
Je ne serais dire si tout ceci est normal, banal. Si dans chaque tête il s’y passe autant de tohubohu. Tel un ogre, il se nourrit de chaque bruit, chaque émotions, chaque silence.
Cependant, il n’est pas rare que l’exercice soit difficile, trop bruyant, assourdissant, omniprésent. Le corps subit l’activité trop intense de la réflexion.
Dans ces périodes est bannit toutes formes de création, d’imagination. L’ogre rentre en phase d’ingestion, il lui faut de la musique, des films, des podcast, des livres, des photographies. Il lui faut se nourrir goulûment. Il évite à tout prix le désert culturel. Ce serait mourir.
Tout ceci ne peut se passer en présence d’autres, alors il force à l’isolement, s’enferme.
Au départ, c’est par le sport intense que j’ai tenté de le dompter, d’apaiser son insatiable appétit. Plus l’effort était « douloureux », plus l’apaisement était jouissif. Petit à petit, au fil de ces courses effrénées, est resté « la marche ».
Les rues habituées à sentir mes foulées quotidiennes, se sont transformées en paysages, les klaxonnes en chant d’oiseaux. Le son de fond n’est plus celui des moteurs, mais celui du vent et du silence de la montagne, des plateaux, des cols, des lits de rivière.
C’est ainsi, que canaliser, par chacun de mes pas, que l’esprit s’apaise, qu’il a trouvé une toute nouvelle façon d’exister, de classifier et résoudre, avancer.
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