Elle est souvent physique cette fatigue, pour moi, elle est trop souvent présente. Je travaille de nuit, dans le milieu du médical, mon temps de récupération est limité au matin, dormir quand le soleil se lève, dormir quand le fond sonore s’anime. Si je dors quelques heures de plus, je perds la clarté du jour et c’est une place de choix pour la déprime. Alors à choisir, c’est la fatigue qui gagne.

Cette fatigue, elle m’empêche souvent de partir me promener, elle fait rempart à mes envies profondes d’évasion. Mais le quotidien l’emporte, il faut bien payer son loyer et de quoi manger. Tout ceci à quel prix ? Un emploi épuisant, des conditions que je n’ai même plus envie de dénoncer, tellement elles sont mises sous sourdine.

Parfois, je me dis, à quoi bon ? A quoi bon s’occuper de gens qui ne se rendent, eux-mêmes pas compte, de l’énergie donnée ou perdue pour eux. J’avoue qu’au fur et à mesure des années, j’aime de moins en moins mon prochain. Le triste constat est bien là, passer son temps à prendre soin des autres, montre bien à quel point on est seul soi-même, lorsque la roue tourne, lorsque la fatigue gagne.

Il y a des jours, comme aujourd’hui, ou j’avais prévu de faire une belle escapade, au bord des étangs de la Camargue sous le soleil de janvier, accompagnée des oiseaux et des salins roses ; des jours où la fatigue se répand, s’impose, s’oppose.

Le corps l’exprime, dès qu’il a été un peu trop surmené il proteste. Dès qu’il a été un peu trop poussé il s’affirme. On a beau lutter, c’est la santé qui s’en va après.

Cette fatigue fait obstacle aux élans de vie, parfois, je me dis : « pousse encore, tu es encore jeune, la machine tiendra ». Depuis quelques temps, dès que je pousse un peu trop, la machine s’enraye, tout de suite l’infection se pointe.

Alors voilà encore cette foutue question qui revient, toujours, pourquoi vivre ainsi ? Pour payer un loyer ? Se ruiner en charges ? Drôle de vie !